Monreale

La légende raconte que Guillaume II, dernier roi normand de Sicile, parti chasser sur la réserve domaniale du mont Caputo s'endormit et vit en songe la Vierge lui désigner l'endroit où son père Roger II avait enfoui ses trésors. A son réveil, il les trouva et fit bâtir en remerciement la cathédrale de Monreale (le Mont Royal) dédiée à la vierge de l'Assomption ainsi qu'un monastère et un palais royal.







Les travaux débutèrent en 1172 et avancèrent très vite puisque 4 ans après les moines bénédictins s'installaient déjà dans le monastère.

Les Siciliens la nomment Santa Maria la Nuova pour la distinguer de la Santa Maria de Palerme (la Martorana) qui fut érigée sous le règne du père de Roger II, dans le même style et le même esprit de faste et de richesses.

Monreale, comme la Martorana, est un chef-d'oeuvre d'art roman tardif de style normand, sobre à l'extérieur et resplendissante de couleurs et de lumières à l'intérieur : sols pavés de marbres multicolores, plafonds à caissons de bois de style arabe, multicolores également et murs entièrement recouverts de mosaïques byzantines qui nous racontent à livre ouvert toute l'histoire sainte depuis la genèse et la création d'Adam et Eve, jusqu'à la Résurrection du Christ. Gigantesque BD d'art qui scintille sous nos yeux et culmine avec la monumentale représentation du Christ Pantocrator dans le choeur qui semble vouloir nous happer, nous protéger et est saisissant d'émotion lorsque l'on pénètre dans ce temple par la porte principale.

L'émotion était encore plus vive en ce jour de Pâques avec la foule recueillie, les chants, la musique des orgues, impossible de rester insensible...

Le livre d'histoire, je le retrouve à ciel ouvert, dans le cloître, chef-d'oeuvre aux arcs de style arabe bicolores (alternance de pierre calcaire et de lave) avec ses 228 colonnettes jumelées, fines, élégantes, pour la plupart incrustées de mosaïques, de la couleur toujours...

Les chapiteaux sculptés qui les surmontent forment une véritable forêt d'images représentant des scènes de l'ancien et du nouveau testament, des animaux, des végétaux, des figures symboliques nous plongeant dans l'imaginaire des hommes de l'époque mais aussi dans leur quotidien avec des scènes telles que chasse, vendanges...

Autre surprise, à l'angle sud-ouest, avec le « petit cloître », inséré dans le grand, au centre duquel jaillit une fontaine appelée « la fontaine du Roi » en souvenir de Guillaume II qui fit arriver l'eau jusque là.

Après l'intense émotion ressentie dans la cathédrale, le cloître nous apparaît, fidèle à sa fonction, calme, tranquille, reposant, propice à la contemplation pour ses sculptures, à la méditation face à tant de beauté.

Vous l'aurez compris, il serait dommage en quittant Palerme de ne pas faire route vers Monreale, le village, bâti dans un écrin de verdure est charmant, très animé, et sa cathédrale est pour moi l'un des plus grands chocs artistiques que j'ai ressenti jusqu'à présent. On peut regretter que le commanditaire d'un tel chef-d'oeuvre soit décédé avant la fin de l'achèvement des travaux.



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